castle on the hill (isaac #2)

Pas une seule seconde, en répondant sur son compte Formspring, Isaac ne pensait que cela prendrait cette ampleur. À vrai dire, ça ne lui a même pas effleuré l’esprit que son meilleur ami puisse lire sa page et surtout pas aussi rapidement après que les questions aient été posées. D’ailleurs, quand le téléphone a sonné peu de temps après et qu’il y a vu le prénom de Louy s’afficher sur son écran, il ne pensait pas que c’était pour ça. Il ne s’imaginait pas la discussion qui allait suivre et ce que cela engendrerait. Tout comme le sous-entendu d’ailleurs qu’il a lâché en dernier, en signifiant à son meilleur ami que Soan est en train de dormir. C’est un truc de dingue. Sur le moment, il en voulait à mort à l’auteur des questions, parce qu’il a répondu trop franchement et que les questions étaient déplacées. Mais avec ce qu’il vient d’entendre de la part de Louy, il ne sait plus trop s’il doit lui en vouloir ou le remercier. Oui, le remercier. Parce que Isaac, il sent que ce coup de fil vient de déclencher un changement dans leur amitié, dans leur relation tout simplement. Évidemment, il espère en mieux, et c’est ce qu’il a ressenti au travers des mots de son meilleur ami. Il n’arrive pas à concevoir que cela puisse être autrement. Louy vient quand même juste de lui dire qu’il avait envie de l’embrasser et même de lui faire l’amour, à moins qu’il ne l’ait rêvé, comme souvent il en a rêvé ? Isaac n’est plus sûr de rien et à vrai dire, il a peur. Il a entendu Louy partir de chez lui. Il sait qu’il est en chemin pour le rejoindre. Et si finalement ça se passait mal ? Et si Louy le rejetait quand même ? Le châtain secoue la tête. Non, il ne doit pas être si négatif, ça ne peut pas être si négatif. C’est sa chance. Il n’osait pas, mais aujourd’hui, il a cette chance de pouvoir avouer à son meilleur ami ce qu’il ressent. Tant pis si cela change quelque chose, il n’a plus le choix maintenant et au moins, il n’a plus à se torturer l’esprit de questions à se demander qu’est-ce qui se passerait s’il le lui disait. Il va enfin le savoir.

Les minutes qui le séparent de l’arrivée de Louy lui semblent être des heures. Isaac fait les cent pas et tourne comme un lion en cage dans son appartement. Puis tout à coup, Louy est là, debout dans l’entrée, Isaac stop ses pas, le fixant, sans trop savoir quoi dire. Que peut-il dire de plus que ce son meilleur ami n’a pas déjà lu ou qu’il ne lui a pas déjà répondu au téléphone un peu plus tôt. Son cœur bat la chamade, sa respiration est saccadée, hésitante. Il est à deux doigts de toucher le bonheur, le vrai, celui qu’il attend et espère depuis des années. Bien sûr qu’il a été heureux autrement aussi durant toute cette période, comme la naissance de son fils par exemple, bien que période difficile à vivre pour lui. Mais pouvoir être avec son blondinet préféré, ce serait vraiment la cerise sur le gâteau, l’aboutissement, la concrétisation d’un quelque chose qu’il n’a jamais su expliquer et qu’il n’a pas envie d’expliquer. Il a seulement envie de le vivre et d’en profiter. « Je… » Les mots ne sortent pas, il ne sait pas comment lui dire tout simplement qu’il l’aime. Isaac n’avait jamais clairement mis ce terme sur ce qu’il ressentait pour son meilleur ami, mais l’autre sur le net, le lui à fait prendre conscience de ce fait. Plus il le regarde là, devant lui, et plus il crève d’envie de l’embrasser, de retrouver cette sensation qu’il avait ressortie lors de leur entrainement. Mais il n’ose pas, il a peur de précipiter les choses. Encore à cet instant, il a peur de se faire repousser. Puis il entend son prénom murmuré par le footballeur, ça crée une sorte de déclic en lui. Comme si c’était le signal dont il avait besoin pour agir. « Oh et puis merde… » Isaac fond sur Louy, prend son visage entre ses mains et s’empare de ses lèvres. Le baiser est entre empressement et tendresse. Empressement, parce qu’il n’en pouvait plus d’attendre, il attendait ce moment depuis si longtemps. Tendresse, car en même temps, il essaie de répondre à toutes ses questions et inquiétudes dans cet échange. C’est complètement fou, c’est complètement dingue. Mais une fois encore, comme dans ce lit d’hôpital l’autre jour, Isaac à la sensation d’être juste à la place qu’il faut. Les yeux fermés, il apprécie le contact de leurs lèvres l’une contre l’autre, il retrouve exactement la douceur et ce petit picotement dans le ventre qu’il avait ressenti la première fois qu’ils s’étaient embrassés. Il retrouve exactement ce qu’il n’avait jamais réussi à oublier.

C’est incroyable ce qui peut se passer actuellement à l’intérieur d’Isaac. Des pensées confuses, mais avec un sentiment autant d’appréhension que d’euphorie. Il a peur de ce qu’il va se passer désormais. Il a beau avoir entendu ce que son meilleur ami lui a dit au téléphone, il a du mal à ne pas craindre de se faire rejeter. Pourtant, quand il l’embrasse, ne trouvant pas les mots pour s’expliquer, la peur s’envole. Lorsque ses lèvres touchent celles de Louy, qu’elles prennent possession des siennes, c’est comme si cela était normal, comme si s’étaient précisément leur place. Une sensation de chaleur, de bien-être l’envahit. Il ressent en lui, ces fameux papillons dans le ventre dont tout le monde parle quand on est avec la personne qu’on aime. Oui, c’est ça la vérité, l’auteur des questions sur Formspring avait vu juste : Isaac aime Louy. Et sans doute bien plus qu’il n’était capable de se l’admettre jusque-là. Et c’est encore plus vrai quand il sent son blond préféré lui entourer la nuque et répondre au baiser. Ça fait très longtemps que le jeune homme ne s’était pas senti aussi bien en embrassant quelqu’un. A vrai dire, ça fait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi bien tout court. Ce n’est pas qu’il n’a pas aimé les personnes avec qui il a pu être, mais ces personnes n’étaient pas Louy, et aujourd’hui, il en prend réellement conscience. Isaac s’inquiète un peu quand Louy interrompt le baiser pour reprendre son souffle, mais il est vite rassuré, de voir que ce n’est pas là le début d’une crise. A force, il arrive vite à voir si c’est juste un petit manque de souffle, ou le réel début d’une crise d’asthme. Front contre front il lui sourit légèrement. « Tu veux que j’aille te chercher ta ventoline ? » Comme son meilleur ami ne répond pas, enfin si mais en reposant ses lèvres sur les siennes, il en conclu que ce n’est pas nécessaire. Le voilà rassuré.

Il se laisse surprendre par l’initiative de Louy qui l’entraine vers le canapé. Agréablement surpris, et le châtain se laisse complètement faire, n’opposant absolument aucune résistance à cette initiative. Isaac se retrouve allongé au-dessus de son meilleur ami, dans une étreinte forte, mais ça ne le dérange pas, il aime la sensation des bras de ce dernier autour de lui. Toujours à court de mots, lui le grand bavard, il regarde Louy comme s’il était la 8ème merveille du monde. OK, la neuvième, y’a aussi son fils, enfin non, huitième ex-aequo alors. Et il sourit, il sourit largement sans pouvoir réprimer ce sourire. C’est tellement ce qu’il attendait depuis des années. « Tu… ? » Au tour du blond de ne pas trouver ses mots pour s’exprimer. Mais contrairement au jeune papa, il finit par réussir à dire ce qu’il ressent. Isaac se redresse légèrement, posant une main sur son torse, ne fuyant son regard sous aucun prétexte. « Tu n’as rien manqué, c’est qu’il ne fallait pas que ça se fasse avant, c’est tout. Et puis, ton filleul préféré n’aurait pas été là sinon. » Il essaie de le faire déculpabiliser, il ne veut pas qu’il ressente ça. C’est comme ça, c’est tout. « J’aurais pu le dire plus tôt aussi, mais j’avais juste peur que ce ne soit pas réciproque. Et puis au début, je pensais que c’était une passade, c’était quand je me cherchais encore un peu, je n’avais pas conscience de l’importance de ce que je ressentais pour toi. Tu vois, c’est peut-être le bon timing finalement. » Il a eu du mal à trouver les mots, mais une fois lancer, Isaac, il ne s’arrête plus. Et pour une fois, ce n’est pas pour dire des conneries. Alors qu’il continue de le regarder tout en souriant, ses mains se placent au niveau de ses hanches et se glissent sous son t-shirt. Le châtain se repenche un peu pour l’embrasser encore une fois et à cet instant, il sait qu’il ne s’en lassera jamais. « Tu m’as dit quoi tout à l’heure au téléphone ? » A l’air malicieux et au sourire en coin qui apparait sur son visage, il ne fait aucun doute qu’il connait la réponse, que sa question n’est que rhétorique et qu’il se rappelle parfaitement de ce que Louy lui a dit. D’ailleurs il ajoute, comme au téléphone. « Soan dort toujours… »