◊ Les petits détails croustillants.■ Le ciel n'est pas toujours bleu, parfois il peut être gris...の Janesh, 1heure のSa mère avait souffert le martyr. Si elle avait su, elle aurait sûrement autorisé cette maudite péridurale, même si elle coutait la peau des fesses. Elle voulait accoucher à l’ancienne, elle voulait ressentir la douleur, sortir ses mômes de ses tripes afin de pouvoir leur dire « J’ai souffert pour vous mettre au monde » quand ils seront en train de faire les cons dans 16 ans. Elle n’a pas fait d’échographie, sa grossesse n’a pas réellement été suivie par un médecin. Elle voulait tout faire à l’ancienne alors ça a été minimum méthode de blancs et maximum méthode traditionnelle de la vieille Inde. Ça avait marché, au moins elle avait su à temps qu’elle aurait des jumeaux. Mais ce qu’elle ne savait pas par contre, c’est que ce serait deux garçons, deux beaux et gros garçons qui ont failli envoyer leur mère en enfer durant l’accouchement. L’effort avait payé, ils étaient nés, ils étaient en bonne santé, tout le monde allait bien. Pour la peine, les jumeaux porteront des robes et des tutus roses toute leur enfance. Si c’est pas mignon ça.
の Janesh, 3 ans の Il dormait avec sa moitié dans leur petite chambre située à côté de celle de leurs parents. Il avait le pouce dans la bouche comme à chaque fois qu’il était dans les bras de Morphée. Cela aurait pu être une nuit paisible s’il n’avait pas ressenti cette secousse. Son frère le réveillait. Quelque chose d’étrange se passait. Le sol bougeait. Une fois, une toute petite secousse, à peine perceptible. Puis une autre quelque minute plus tard. Et une autre encore, plus fortes à chaque fois. Les petits ne comprenaient pas la gravité de la situation. Ce nouveau jeu les amusait. Mais soudain, ils ne surent pourquoi, les adultes commencèrent à se réveiller et à paniquer. Il y avait de l’agitation, il y avait des cris. Et le sol n’arrêtait plus de bouger maintenant. Les jumeaux commencèrent à avoir peur. Leur père vint voir en leur disant de se cacher sous le lit et d’attendre jusqu’à ce qu’il revienne les chercher quand il aura trouvé mA. Les jumeaux hochèrent la tête et s’empressèrent de respecter l’ordre de leur paternel. Mais il ne revint jamais. Ni lui, ni mA. On retrouva les deux enfants serrés l’un contre l’autre deux jours après le tremblement. Inconscients, déshydratés mais toujours vivants. Un miracle, avait commenté les journaux.
の Janesh, 5 ans の Aujourd’hui était sûrement le pire jour de sa vie. Encore pire que le jour du tremblement. Il ne savait pas ce qui se passait mais il avait un très mauvais pressentiment. Sa moitié partait. Il partait avec d’autres parents. Des parents très blancs, qui ne leur ressemblaient pas. Ils voulaient rester ensemble, ils voulaient partir ensemble mais on leur a dit que ce n’était pas possible, qu’il fallait que chacun d’eux parte de son côté. Ils n’ont pas pleuré, parce que c’était des hommes après tout et un homme ça ne pleure pas. Ils se sont juste contentés de se regarder une dernière fois, un regard long, douloureux, qui portait la promesse de tant de choses. Il savait que tôt ou tard, ils finiraient par se revoir. Ils étaient comme le ciel et la mer : ils ont beau être séparés, ils se retrouveront toujours à l’horizon.
の Cielo, 13 ans の Mes parents se disputaient une énième fois. Ils en étaient seulement aux mots mais ce n’était qu’une question de temps avant que mon père ne commence à battre ma mère. Quand il est ivre, c’est toujours comme ça. Ils ne se soucient même plus de se cacher maintenant, ni de faire semblant. Quand j’ai débarqué dans ce nouveau pays, dans cette nouvelle famille, les choses n’ont pas toujours été comme ça. A u début on formait un beau trio. Même s’ils étaient blancs et moi métisse, ils m’ont quand même aimé, ils ont fait de leur mieux. Je ne leur ai pas toujours rendu la tâche facile d’ailleurs. Ça m’a pris du temps avant que je ne m’ouvre à eux, que je les accepte comme parents. Mais je sais qu’au fond de moi, je ne leur pardonnerai jamais de m’avoir séparé de ma moitié. Quand j’ai finalement accepté de prendre l’amour qu’ils me donnaient, les choses se sont dégradées. Papa a perdu son emploi et n’en a toujours pas trouvé un autre. Depuis quelques mois, il rentre tard, il sent l’alcool, et il parle mal à ma maman. Alors, ils se disputent, ils crient, ils cassent des objets. Parfois ils en viennent aux mains. J’entrebâille souvent ma porte pour les regarder. Curiosité malsaine, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Un jour, par pur réflexe, j’ai accouru vers maman alors que papa venait de la gifler fortement et qu’elle s’était cognée la tête contre la table basse en tombant. Il y avait du sang. Je me suis mise à pleurer. Alors papa il m’a soulevé par mon t-shirt et m’a jeté dans ma chambre en criant : «
Dégage l’indien ! C’est l’heure de dormir ! » Il m’a battu aussi quelques fois. Maman me défendait mais elle n’était pas assez forte alors…
の Everlooz, 15 ans の Cela fait près d’un an maintenant que je vis chez vovó. C’est maman qui m’a emmené un soir où papa n’était pas à la maison. Elle a dit que si je restais aussi, je serai en sécurité jusqu’à ce qu’elle trouve un moyen de se débarrasser de son mari. Je suis assez grand maintenant pour savoir que quand une brésilienne prononçait ces mots, c’est qu’elle ne prévoyait rien de bon. Je ne sais pas quel lien les lie vovó et elle mais une chose est sûre, elles n’étaient pas mère-fille. Vovó n’était pas comme maman. Elle avait beau être une vieille femme, elle avait encore une bonne poigne et beaucoup de caractère. Je me rappelle encore aujourd’hui la gifle qu’elle m’a donné quand elle m’a surpris en train de fumer une clope. Elle m’a aimé, vovó. Elle m’a tout appris, tout ce que je sais. Si je suis un homme aujourd’hui, instruit, avec un avenir devant lui, c’est grâce à elle. Elle m’appelait Everlooz au lieu de Cielo, parce qu’elle trouvait que je ne ressemblais pas à un ange mais que je pouvais toujours gagner toutes mes batailles si j’y mettais un peu de volonté. Maman n’est plus jamais venue me revoir après m’avoir déposé. Parfois, je me demande si finalement ce n’est pas de moi qu’elle se débarrassait ce jour-là.
の Everlooz, 19 ans の Je suis entré à l’université un peu tardivement. Je n’étais pas brillant à l’école. Je n’avais même aucune chance d’atterrir sur ici si je n’avais pas été bon en sport. Le sport a toujours été une passion, un refuge, aussi bien pour me défouler que pour oublier. Je fais de tout, du basket, du foot, du roller, du skateboard… tant que ça se nommait sport, c’était pour moi. C’est grâce à cela que j’ai reçu cette bourse pour venir étudier au Susquehanna University, en Pennsylvanie. Je ne savais pas que mon niveau de basket-ball était si bon, je n’en revenais pas moi-même en apprenant la nouvelle. J’étais mal de laisser vovó, cette femme qui représentait tout pour moi. Mais c’est elle-même qui m’a poussé de la maison par un bon coup de pied aux fesses. Je lui ai promis que je reviendrai la voir. Honte à moi, je n’ai pas tenu ma promesse.
の Eve, 19 ans のJ’avais déjà mon L2 marketing et communication en poche. En souffrant un peu mais bon, je l’avais eu quand même. Il ne m’aura servi à rien de toutes les façons puisque j’étais prêt à entrer dans l’équipe régionale. J’étais mignon, j’étais doué, j’étais connu. Encore quelques années et j’atterrirai sûrement à la NBA. Tout aurait été bien pour moi si je n’avais pas fait le con encore une fois. C’était juste une dernière blague des ressortissants de l’équipe de basket, on voulait marquer notre passage dans cette université. « Eve, c’est toi le plus agile, alors c’est toi qui monte avec Pete. Vous n’aurez qu’à tirer la corde une fois en haut pour remonter le pot de peinture. Vous savez quoi marquer n’est ce pas ? » «
Eve is the best.» «
Non, idiot. » «
T’inquiètes, je déconne. Je sais tout, l’idée vient de moi les mecs, vous avez oublié ? Allez on y va et on saigne cette putain d’enseigne. » Tout aurait très bien pu se passer si à mi-chemin de l’échelle, je n’avais pas eu la sensation que quelque chose bougeait dans mon pull. Un cafard. La sale bestiole. Je me suis mise à gesticuler en oubliant totalement que j’étais sur une échelle. Trois jours plus tard, après des centaines de radios, le verdict tombait : «
Déchirure du ligament croisé antérieur droit, parce qu’il a essayé d’atterrir sur ses pieds en tombant. Je suis désolé.» Adieu la carrière au basket-ball, adieu l’avenir prometteur, adieu tout. J’étais totalement perdu.
の Eve, 22 ans のJe suis tombé dans une quasi dépression après cet accident Je ne mangeais plus, ne dormais plus, je n’avais plus goût à rien. Je ne savais plus quoi faire de ma vie. Ok, j’avais un diplôme qui m’aurait sûrement permis de trouver un job sympa mais je ne voulais rien de tout ça. J’avais juste envie de changer d’air, de changer de cap, de me tourner vers d’autres horizons au risque de me perdre définitivement. C’est à ce moment là que j’ai fait ce que je mourrais d’envie de faire depuis plusieurs années : taper le nom de mon jumeau dans la barre de recherche Facebook. Je n’en ai jamais eu le courage, parce que j’avais peur. Peur de tomber sur un jumeau qui aurait une meilleure vie, peur de tomber sur un jumeau que peut-être je n’apprécierai pas, peur de tomber sur un jumeau qui ne me reconnaîtrait pas… peur de tomber sur un jumeau mort. J’y pensais nuit et jour. Mais là j’avais besoin de lui. Le désir prenait le pas sur la raison, sur la peur et tout le reste : j’avais besoin de savoir. Ça m’a pris plusieurs jours pour tomber sur son profil, il y a quand même pas mal de monde sur cette planète qui s’appellent Irya. Mais je n’avais pas de quoi me plaindre. S’il s’appelait Paul ou John, là je me serais crucifié.
の Cielo, 24 ans のOn vit ensemble depuis deux ans maintenant. Venir le retrouver a été la meilleure chose que j’ai faite depuis toujours. Pendant tout ce temps, c’est comme s’il y avait un grand vide dans ma vie que lui seul a pu remplir. Nous sommes ensemble et j’ai l’impression de renaître. On s’est retrouvés à une période où on avait autant besoin l’un de l’autre. Ok, on est différent, très différent. Mais c’est tout cela qui nous rend si uniques, si fusionnels. Je n’imagine pas ma vie sans lui aujourd’hui. Et quel que soit ce qui se passera, je sais que plus rien ne pourra nous séparer. Plus jamais.
■... ou rose, rouge, orange, jaune et noir.のIl déteste qu'on l'appelle Everlooz, la seule qui en ai jamais eu le droit c'était vovó. Il se présente souvent comme Eve ou Cielo. Janesh sert seulement à frimer et faire son indien.
の Il se réveille toujours à 6h pile du matin pour se rincer la bouche avant de se recoucher. Il s’est habitué inconsciemment et aujourd’hui son cerveau est réglé comme ça. Il a beau essayé de s’y détacher, il n’y arrive pas.
の Il suce toujours son pouce quand il dort ou quand il s’ennuie. Un vrai bébé.
の Quand il a appris que sa moitié avait tenté de se suicider à 14 ans, il a pleuré. Il s'en ai voulu au plus profond de son âme, il aurait aimé être là pour lui. Si Irya avait réussi à s'ôter la vie, il ne se le serait jamais pardonné.
の Depuis qu’il s’est installé à Vancouver, il a repris ses marques. Il est redevenu le gentil gars, toujours de bonne humeur, qui adore faire les 400 coups (au grand désespoir d’Irya qui est la première victime de cette énergie débordante). C’est un hyperactif, il a besoin de s’occuper ou il dépérit à vue d’œil.
の Malgré qu’il ne puisse plus jamais faire carrière en tant que joueur, cela ne l’empêche pas de continuer à s’exercer. Il entraîne l’équipe féminine du lycée de la ville et même si ça rapporte une misère, au moins il aime ce qu’il fait. Mais son frère n'est pas d'accord et a toujours peur qu'i aggrave sa blessure en jouant.
の Pour sa dose d'adrénaline, il deal de la drogue depuis quelques temps dans le plus grand secret. Ça met du piquant dans sa vie et ça permet d'arrondir correctement les fins de mois.
の Il avait les cheveux mi-longs à la base mais depuis qu’il a retrouvé Irya, il les laisse pousser à la même taille que lui. Ils poussent même le vice jusqu’à faire les mêmes tatouages, piercings et autres. Et même parfois, ils aiment se faire passer l’un pour l’autre pour rigoler ou se dépanner.
の Il est littéralement impossible de les identifier quand ils sont tous les deux à moins de faire vraiment attention à l’accent. Ouais quoi, un indien qui a grandi au canada ne parlera jamais de la même façon qu’un autre qui a grandi au Brésil.
の S’ils sont des photocopies au niveau physique, leurs caractères par contre c’est le jour et la nuit. Vaut mieux ne pas commencer à énumérer les différences maintenant parce que ça ne finit jamais.
の Depuis qu’ils vivent ensemble, Irya et lui ont établi une certaine politique pour éviter de se crêper le chignon à chaque fois : l’un range derrière l’autre sans rouspéter. Irya ferme le tube dentifrice après le passage de Cielo, Cielo range les papiers dessins après les pauses BD d’Irya. Parfois ça fatigue certes, mais plutôt ça que de se disputer tout le temps.
の Il adore la musique et joue de plusieurs instruments. Mais contrairement à son frère, lui est plutôt Rn’b, pop, rap et musique douce. Irya n’a toujours pas compris comment ils ont pu sortir du même ventre.
の Quand il a appris que son frère était externe médecine urgentiste, il a déprimé une semaine. Quand il a appris que c’était un gigolo, il a presque fait une fête. Enfin un peu de folies dans la vie de ce gars !
の Il n’hésite pas à utiliser son charme pour séduire les femmes, quand Dieu te fait beau, il faut en profiter. Mais quand une lui plait réellement, il devient tout timide, limite maladroit. Un vrai carnage.
の Il pense créer un groupe de musique bientôt.
の Malgré que tout indique le contraire, il garde toujours le petit espoir qu’un jour il pourra rejouer du basket sur un terrain professionnel.
の