Libre - Intervention au comissariat

Je me balade dans la rue, sans but précis, juste cette envie de profiter des premiers rayons de soleil de l’année. La chaleur est agréable et j’en ai même laissé ma veste chez moi. Bientôt, j’arrive près du commissariat. Ce n’est pas dans mes habitudes de venir dans ce coin de la ville mais justement, j’avais envie de le découvrir. Mais bientôt, des sirènes se font entendre et plusieurs voitures arrivent devant la grande bâtisse. J’ai juste le temps de me pousser un peu avant d’observer une sorte d’affolement général.

Lou venait de sortir de son appartement du quartier Kitsilano. Elle fut immédiatement accueillie par un grand soleil ; une aubaine quand ce jour-ci est l'un des rares qu'elle peut apprécier sans penser au travail. En effet, avec toutes ses responsabilités, ses jours de repos sont plus ou moins au compte-goutte. La jeune femme décida d'aller se promener dans le quartier du commissariat. Ça lui plait parfois, de jeter un œil à ce que les flics font dans ce bâtiment. Elle n'aura cependant pas l'occasion aujourd'hui d'espionner par les vitres ; plusieurs voitures de police venaient de se garer en trombe devant elle, l'empêchant de voir quoi que ce soit. Lou fut d'abord inquiète quelques secondes. Elle se pencha pour regarder qui pourrait bien sortir de ces voitures. Lorsqu'elle ne reconnut personne, elle s'apprêta à reprendre sa route, en étirant un sourire en coin. Pour une fois que c'est pas eux...

Ce qu'elle n'avait pas remarqué, c'est cet homme à l'air inquiet quelques pas plus loin, qui a probablement du croire que ce sourire un peu sinistre lui était adressé...

Spoiler:

Des hommes en uniforme sortent du bâtiment afin de rejoindre leurs collègues dans les voitures et plusieurs hommes menottés font leur apparition, surgissant de l’intérieur des voitures. Un policier manque de me bousculer et j’avoue que je serais curieux de savoir ce qui se passe ici. Est-ce qu’ils viennent de démanteler un réseau de trafiquants de drogue ? Honnêtement, c’est à se poser mille questions. Alors, mon regard tente de fuir, de trouver une issue réconfortante à tout ce brouhaha et il se pose sur une femme, sourire aux coins. Je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’elle fait ici. Est-elle comme moi juste présente au mauvais moment ? Elle semble me sourire, ou en tout cas c’est l’impression que j’ai. Prenant cela pour une invitation à parler, je m’approche et j’ose bientôt lui demander : « Est-ce que vous savez ce qu’il se passe ? »

Lou, ayant à présent repris un air sérieux, observa l'homme s'approcher. Il avait interprété son sourire comme une invitation à parler. Peu importe. Tout en marchant elle aussi vers son nouvel interlocuteur, elle lança quelques regards en coin vers les individus menottés qui entraient dans le commissariat. Son attention revint sur celui qui à présent étant en face d'elle. Elle s'attarda une seconde sur les traits de son visage, dans une tentative de l'analyser. Il n'a pas l'air bien mesquin. Plus très jeune, aussi. Légèrement préoccupé par quelque chose on dirait, mais pas par cette histoire de police. De plus, Lou ne l'avait jamais vu avant ; est-ce quelqu'un de nouveau dans Vancouver ? « Est-ce que vous savez ce qu’il se passe ? », demanda-t-il.

Tout en répondant, Lou hocha rapidement la tête. « Non, pas vraiment. » Elle marqua une courte pose, en observant de nouveau la scène. Le dernier criminel menotté dans la queue tenta désespérément de s'enfuir, mais il se fit bien vite attraper et crier dessus par un policier. Lou s'empêcha de ricaner face à cette scène. Elle reprit la parole, rictus en coin. « C'est sûrement leur prise de petites frappes du dimanche. Vous ne devriez pas trop vous en préoccuper, il y a pas mal de gens bizarres à Vancouver mine de rien. » Son sourire moqueur se transforma en quelque chose de plus sincère. Le pauvre homme avait l'air un peu perdu, Lou voulait au moins lui remonter le moral.

Je ne suis donc pas le seul à ignorer les causes de tout ce capharnaüm. J’émets une petite grimace, même si bien entendu la jeune femme n’y est pour rien. Ma curiosité me jouera des vilains tours un jour ! Puis, il se passe de nouveau un peu d’action avec cet homme qui tente de s’enfuir sans succès. La scène m’arrache un sourire malgré tout. Il doit être sacrément désespéré pour agir ainsi mais en même temps, j’en ferais sans doute autant si j’étais arrêté… Bien que je suis trop honnête pour tenter une évasion ! « Ah bah c’est vrai que c’est une manière comme une autre de s’occuper le weekend ! » Je souris un peu plus franchement cette fois. « Je n’ai pas l’habitude de voir autant d’animation. » Du côté de l’université, c’est plutôt calme en fin de semaine. Les étudiants rentrent chez eux, chez leurs parents, ou bien ils restent dans leurs petits appartements, préférant sortir en ville lorsqu’il s’agit de faire la fête. Et puis, quand à la plage qui borde ma résidence, il n’y a pas beaucoup de passage non plus à cette saison.

Lou semblait avoir réussi à détendre un peu l'atmosphère. L'homme en face d'elle dévoila un sourire puis lui répondit. « Ah bah c’est vrai que c’est une manière comme une autre de s’occuper le weekend ! Je n’ai pas l’habitude de voir autant d’animation. » Lou étouffa un rire timide. Tant mieux pour lui s'il ne remarquait pas tant que ça la face obscure de la ville. Elle ne s'attarda pas sur ce sujet, ne voulant pas non plus l'affoler en lui racontant des anecdotes sordides. Cependant, un détail intrigua la jeune femme et elle ne put résister à l'envie de lui poster la question. « Sans indiscrétion, vous n'êtes pas ici depuis très longtemps, n'est-ce pas ? Je ne pense pas vous avoir croisé auparavant. » L'expression de Lou était à présent beaucoup plus sereine et ouverte.

« Pas d’indiscrétion à avoir, je ne suis pas genre d’homme à avoir des choses à cacher. » Je réponds, amusé, détournant mon attention de ces hommes qui quittent peu à peu la place, rentrant dans le grand bâtiment central. « Cela fait un an, mais la ville est grande et je ne suis pas souvent dans ce quartier. » Pas étonnant de ne pas s’être déjà croisé avec la foule qui déambule habituellement dans les rues de Vancouver. « Vu votre question, j’en déduis que vous êtes native d’ici ? » Je lui retourne alors sous forme de question, pensant qu’elle pourrait tout simplement être ici depuis de nombreuses années. « Et vous connaissez tant de monde que ça dans la ville ? » Je finis par ajouter, plutôt intriguée par ses paroles.