Meadow × You don't own me, I'm not one of your many toys

Premièrement, j'ai un grand frère de cinq ans mon aîné, on a toujours été comme les deux doigts de la main, c'est plus fort que nous. Touchez à mon frère et vous le regretterez, et ça fonctionne dans l'autre sens aussi. Mon frère, c'est tout pour moi, la seule personne qui a accepté de rester avec moi malgré... ça.
の J'ai eu une mère au foyer trop mentalement absente, occupée à pleurer la mort de son petit dernier. Tout l'amour allait pour un mort et nous, nous étions rejetés. Notre père trouvait comme excuse que pour affronter la vie, on devait être ses souffres douleurs moraux et physiques. La plupart du temps c'était mon frère qui prenait les coups, mais je n'y échappais pas quand il était trop énervé.
の Je suis plus indépendante qu'on ne pourrait le croire, c'est juste que j'aime bien être la princesse et le centre d'attention des gens, même si mon frère a tendance à trop me protéger.
の Je devais avoir 15, 16 ans. Moi qui malgré les événements était une personne sociable, extrêmement souriante et extravertie, je me suis renfermée. Je ne sortais plus, je ne parlais plus, j'étais irritable, un rien me faisait soit crier, soit fondre en larmes, je hurlais en plein milieu de la nuit pour dire aux gens de se taire, j'étais devenue arrogante au point que même mon frère était un petit joueur à côté de ça. Ils appelaient ça la dépression, une simple passe pubère, mais c'était pire.
の On m'a diagnostiquée une schizophrénie paranoïde. C'est la plus courante, celle où on a droit aux hallucinations auditives et où on a l'impression d'être persécuté. Le plus grand cliché de la schizophrénie c'est qu'on dit entendre plusieurs voix, inconnues, alors que c'est faux. On entend une seule voix qu'on connait, et je crois que c'est ça le pire. Car cette voix, elle fait partie de vous, elle se retourne contre vous, vous fait tourner en bourrique, vous donne envie de hurler, de pleurer, de vous tuer. Et c'est là qu'on parle de dépression. C'est la maladie qui nous l'apporte.
の Suite à cette annonce, mes parents m'ont mise à la porte, comme quoi cette sainte maison ne pouvait pas accueillir une folle à liée. Mon frère n'a pas hésité une seule seconde à prendre ses économies (même voler nos parents), faire ses valises et me rejoindre dehors. Il a beaucoup travaillé pour en arriver là où il est maintenant avec sa fortune, et il a beaucoup consacré pour moi, même si je ne lui rends pas vraiment la pareil. En même temps c'est compliqué.
の On a débarqué à Vancouver il y a six ans, actuellement j'habite toujours chez mon frère, surtout car il m'y a obligée puis car j'ai pas trop envie d'affronter la solitude. Je vois un psychiatre toutes les semaines, je suis un traitement qui est 85% du temps efficace, on va dire qu'au bout d'un moment il ne fait plus effet et soit ils changent les doses, soit ils changent de médicaments. On va dire que c'est un cercle vicieux, mais ça n'en change pas plus au final car ça reviendra toujours. Le cerveau est encore trop inconnu pour que quelqu'un puisse y remédier.