Sisters can drive you nuts, sometimes ft. Eve Blackstone

Les derniers jours avaient été plutôt difficiles. Le policier avait eu des problèmes au boulot avec son supérieur qui n'arrêtait pas de lui donner du travail. Eve semblait encore n'en faire qu'à sa tête, ce qui mettait Rafaël de mauvaise humeur. Et il y avait ce nouveau garçon dont il ne savait que penser mais qui lui plaisait plutôt pas mal.Aimé, le comportementaliste de Pongo. Un beau jeune homme que Rafaël ne semblait pas non plus rendre complètement indifférent. Alors oui, le policier en jouait un peu. Beaucoup. Mais malheureusement, ça risquait bien de se limiter à ça. Le brun n'avait jamais été très doué pour les relations amoureuses. Et encore moins pour les entamer. Il sentait son coeur qui battait fort dans sa poitrine quand il le croisait. Il sentait cette envie en lui de l'embrasser. De faire plus que l'embrasser, même. Mais jamais il ne passerait à l'acte. En tout cas, pas sans une petite aide extérieure. Il était tard ce soir-là et il ne parvenait pas à dormir. Son téléphone était posé sur sa table de chevet et aucun de ses amis ne répondaient. Ce fut pourquoi il fit ce qu'il faisait toujours quand il avait des doutes ou quand il ne se sentait pas bien. Il prit son oreiller, son plaid et se traîna d'un pas lent jusqu'à la cuisine. Le loft était plongé dans la noirceur. Tout le monde semblait déjà dans sa chambre. Deux thés furent préparés. Le préféré d'Eve. Et plateau dans les mains, Rafaël alla frapper à la porte de cette dernière, passant la tête alors qu'il entrouvrait.

- Eve ? Je peux te parler ?

Sa voix fut plus chuchotements et déjà il s'engouffrait dans sa chambre. Le plateau posé sur un meuble, il se glissa sous la couette de sa soeur, dans le dos de cette dernière et se blottit contre sa silhouette, jouant avec ses cheveux.

- Tu dors ?

Ta des journées longues et assez laborieuses ces derniers temps. Il y a une affaire de meurtre qui tourne et qui implique les fédéraux. Donc c'est forcément méga intéressant. En plus t'a rencontré un superbe agent spécial sur les lieux du premier crime. Bon ok, il t'a dégagé de l'enquête mais toi, t'y es encore. Hors de question que tu rate ce scoop alors t'as fais appel à ta fine équipe. Maxim, la détective privée. Shawn, la légiste et accessoirement, ta cousine. Et puis Liz, la substitut du procureur. Une équipe de filles qui en a marre d'être mises de côté par les hommes. Mais tu profites quand même pour essayer de revoir ton charmant agent. Tout ça pour dire qu'entre les planques la nuit, les filatures le jour, les recherches, les machins, les trucs, sans oublier un nouvel article à écrire à côté ... t'es épuisée. T'as grignoté un bout avec tes colocs et amis de toujours et vous avez maté une série. Ton frère jumeau n'étant pas encore rentré c'est toi qui a du prendre l'appel de votre mère, la rassurer, subir son sermon quotidien et lui promettre que vous serez là dimanche prochain.

Et pour le coup, tu dors profondément. Demain il faut que tu te lèves tôt tu remplaces Maxy sur la filature d'un de vos suspects. Mais c'était sans compter sur ton frère. Tu grognes en l'entendant t'appeler sans te réveiller mais en le sentant passer sous les couvertures et se blottir contre toi pour te demander si tu dors tu essayes d'émerger. - Plus maintenant, tu maugréés en essayant de te réveiller. En tâtonnant tu trouves la lumière de ta lampe de chevet puis te retourne vers ton jumeau, les yeux encore à moitié fermé. Qu'est ce qui t'arrive jum's ? tu lui demandes en bâillant. Ton frère ne t'aurais jamais réveillé pour rien ... pas vrai hein .

Les yeux à moitié clos, elle se tourna vers lui, une fois la lumière allumée. Aussitôt, comme un enfant, il se blottit un peu plus contre elle, enfouissant le visage dans sa poitrine pour se cacher du monde entier. Les larmes ne venaient pas, mais les sanglots étaient bien présents. Des sanglots qui le prenaient entier. Violents. Le monde entier semblait un poids énorme. La présence des gens. Les regards. Les jugements silencieux. Et il y avait des moments comme celui-là où il n'en pouvait simplement plus. Relevant le regard vers elle après plusieurs longues minutes, il essuya ses yeux humides et la serra dans ses bras musclés, mais soudain si faibles.

- J'aime un garçon…

Sa voix avait été faible. Si faible qu'elle aurait pu ne pas l'entendre. Mais il le savait, elle l'avait bien entendu. Elle le faisait toujours. Il avait l'habitude. Oui, il aimait un garçon. Énorme problème, surtout dans la famille qui était la leur. Rafaël était gay...et si jusque là il avait réussi à plutôt bien le cacher, il sentait que ce qui naissait en lui à l'égard d'Aimé était différent. Et il ne pourrait pas le dissimuler bien longtemps. Il n'en avait pas envie, étrangement. Comme si cette relation allait être différente des autres. Comme s'il sentait déjà qu'elle allait valoir le coup. Enfin..peut-être pas auprès des parents. Ils n'accepteraient jamais. Ils le rejetteraient comme un malpropre. Il ne serait certainement plus leur fils. Regardant sa sœur encore, il attrapa une mèche de cheveux de cette dernière et l'entortilla autour de son doigt, pensif. Devait-il dire à Eve de qui il s'agissait ? Elle s'en était doutée, non ? Elle connaissait bien son frère. Ils n'étaient pas jumeaux pour rien. Pinçant ses lèvres, il se décida quand même à lui dire.

- Aimé...le comportementaliste de Pongo...

- J'aime un garçon… te murmures Rafaël. Un murmure presque inaudible que tu n'aurais pas entendu si tu n'avais pas été toi et qu'il n'avait pas été lui. Tu souris doucement en te blottissant contre lui sans ouvrir les yeux. Dois-tu lui dire que tu le sais ? Et que tu sais de qui il s'agit ? Parce que tu t'en doute un peu. Tu as bien vu le trouble qu'il avait, lorsque tu es rentrée avec Pongo mardi dernier et que tu lui as dit que tu l'avais inscrit au concours en lui donnant les coordonnées de Aimé. Quand tu lui a parlé du jeune homme. C'était presque aussi visible que le fait qu'Aimé soit très intéressé par ton frère lui aussi. Sur le coup tu n'as rien dit. Tu voulais lui laisser le temps de venir t'en parler de lui même. Oui oui parfois tu peut-être très diplomate avec beaucoup de tact. Pas souvent mais de temps en temps ça arrive, quand la situation l'exige. Il fini par te dire de qui il parle. Tu caresses ses cheveux noirs alors qu'il s'est, à son tour, blotti contre toi et tu déposes un baiser sur son crâne. - Je sais, tu réponds avec tendresse. Tu aimes ton frère jumeau plus que tout au monde. Il est ton complice, ton meilleur ami, l'autre moitié de toi même. Tu ne pourrais pas vivre sans lui et réciproquement. Vous avez un lien si fusionnel que vous pouvez vous comprendre sans même parler et que vous savez toujours quand l'autre a un problème même s'il est à l'autre bout du monde. Il joue avec tes cheveux longs. Il fait toujours ça quand il est stressé. Tu souris tendrement. Qu'est ce qui te fais peur Rafe ? tu lui demandes avec douceur. Parce que c'est ça, au final, qui l'a poussé à venir te voir. Il a peur tu le sais bien. Et tu voudrais l'aider. Mais pour ça il faudrait qu'il te parle même si tu te doutes déjà de certaines de ces raisons ...